La punition… peut-on vraiment s’en passer ? C’est la question que beaucoup de gens se posent en entendant parler de Discipline Positive ou d’éducation bienveillante. C’est légitime, manque de connaissances scientifiquement validées sur le sujet, nous avons presque tous été élevés avec des VEO (Violences Éducatives Ordinaires) plus ou moins importantes. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les neurosciences ont démontrer comment la punition en plus de généré un stress qui est très mauvais pour le développement de cerveau, empêche les apprentissages.
La punition, ça sert à quoi ?
Posons-nous tout d’abord cette question : la punition, ça sert à quoi ? Dans la tête de la plupart des gens, ça sert à éduquer. On pense que l’enfant doit SUBIR les conséquences de ses actions. Mais être privé d’aller à l’anniversaire de sa copine, est-ce réellement la conséquence de ne pas avoir eu de bonnes notes ? Y-a-t-il un lien entre ces deux choses, qu’on puisse penser que l’une découle de l’autre ?
Il est vrai que l’on peut avoir un bref soulagement lorsque l’on punit son enfant. On sent que l’on agit sur une situation qui ne nous convenait pas, on a l’impression d’avoir tenu notre rôle de parent. Ou bien simplement, on a réussi à arrêter un comportement irritant de notre enfant, en l’envoyant dans sa chambre par exemple, ce qui permet de souffler un instant après une phase de crise.
« D’où nous vient cette folle idée que pour qu’un enfant fasse mieux, il faut d’abord qu’il se sente mal… Un enfant fait mieux quand il se sent mieux » Jane Nelson
Les conséquences de la punition
Avant de lire la suite, je vous invite à réfléchir et à retrouver dans vos souvenirs d’enfance, une situation où vous avez été puni. Remémorez-vous bien la scène, votre état d’esprit et posez-vous ces questions : Qu’est-ce que je ressens ? Qu’est-ce que je pense ? Et qu’est-ce que je décide de faire ?
On peut classer en quatre grandes catégories, les réactions possibles face à la punition. En Discipline Positive ce sont les 4 R de la punition.
Rancœur
Le premier R est la rancœur. En effet, souvent l’enfant puni va simplement vivre ça comme une injustice. Il se sent incompris. Il rumine plus qu’il ne réfléchit à son comportement ce qui bloque la communication avec son parent. Le but éducatif est-il atteint ? Je n’en suis pas sûre.
Revanche
L’enfant peut aussi décider de passer à l’action et de se venger. Ou bien échafauder un plan pour gagner la prochaine bataille contre vous. Était-ce votre intention de déclarer une guerre ?
Rebellion
C’est peut-être la conséquence à laquelle on est le moins préparé en tant que parent. Mais il arrive que l’enfant décide simplement de nous tenir tête. De ne pas plier, de nous démontrer que nous ne pouvons pas le forcer à faire quelque chose. Là aussi on entre dans une lutte de pouvoir de laquelle il est difficile de sortir.
Retrait
Le retrait peut se diviser en deux parties. La première serait l’enfant qui va simplement continuer de faire ses « bêtises » en cachette. Pas vu, pas pris !
La deuxième est plus perverse car de prime abord, elle nous donne l’impression de fonctionner. L’enfant nous dit « oui maman », il baisse les yeux et ne recommence plus. Ca a l’air top ! Mais non… car c’est l’estime de soi de notre enfant qui en prend un coup. Il pense qu’il est nul, qu’on ne l’aime plus et qu’il mérite de se sentir mal.
Aucune de ces quatre réactions ne laisse penser que l’enfant ait réellement compris la situation. Il est centré sur lui et pas sur les conséquences de ce qu’il a fait.
Les alternatives à la punition
Les alternatives sont nombreuses, plus vous êtes créatifs et plus vous vous ouvrirez à la Discipline Positive, plus vous en trouverez. Des techniques bien à vous. Bon, inutile de dire que mieux vaut prévenir que guérir. Tout ce que l’on peut anticiper, faisons-le. Pourquoi foncer droit le mur !?
Beaucoup de parents voudraient que ce soit leur enfant qui s’adapte à la situation car eux ne veulent pas changer leur programme ou leurs habitudes. Cependant, il faut se rappeler que le cerveau de l’enfant est immature (comme je l’explique dans cet article Le cerveau dans la main) et que fatalement il réagira « mal » dans certaines situations. Et ainsi notre volonté de ne PAS changer nos habitudes, nous fait rentrer dans un conflit que nous aurions pu éviter. Et en plus au final, nous n’avons pas fait ce que nous voulions au départ. On se retrouve donc dans une situation LOSE/LOSE.
Alors pourquoi ? Pourquoi nous infliger ça ? Anticiper et changer les plans pour que l’enfant ne soit pas confronté à une situation qu’il ne sait de toute évidence pas encore gérer, ne signifie pas se laisser marcher sur les pieds.
Les conséquences logiques
Une conséquence logique demande l’intervention d’un adulte. Elle doit être Reliée au problème, Respectueuse, Raisonnable et Révélée à l’avance. Si l’un de ces quatre R n’est pas respecté, on tombe directement dans la punition.
Exemple : Vous êtes à la bibliothèque et votre enfant parle fort et est agité. Vous indiquez à votre enfant que le règlement de la bibli dit qu’il faut être silencieux et calme pour permettre aux gens de lire ou de travailler en paix. Vous lui expliquez que si ces règles sont trop difficiles à appliquer pour lui, il vous faudra quitter la bibliothèque.
C’est Relié au problème car vous quitteriez l’endroit dont il ne suit pas les règles, Respectueux, car vous ne dites pas à votre enfant qu’il est insupportable, vous ne l’humiliez pas en le mettant au coin devant tout le monde pour « réfléchir ». Mais c’est aussi Raisonnable car vous ne lui dites pas qu’il n’ira plus jamais à la bibliothèque, juste que pour cette fois s’il n’arrive pas à se calmer il faudra s’en aller. Et bien évidemment c’est Révélé à l’avance, vous ne lui annoncez pas directement « maintenant ça suffit, on s’en va ! » Vous lui expliquez dans un premier temps le règlement et la conséquence logique qui découlera de son non respect.
Attention tout de même avec cet outil car il est très facile de s’en servir comme punition déguisée. Il ne faut pas que notre but soit d’irriter notre enfant mais bien de lui faire vivre les conséquences de ses comportements.
Les conséquences naturelles
Ici il n’y a aucune intervention de l’adulte. Si on ne met pas de veste en hiver, on a froid. Si on met des sandales sous la pluie, on a les pieds mouillés. Il s’agit donc là de laisser l’enfant faire ses propres expériences dans la limite de sa sécurité évidemment. On ne va pas le laisser traverser la route les yeux bandés pour expérimenter les dangers que représente la circulation.
Mais s’il ne veut pas mettre sa veste on peut lui dire « allons voir dehors la température, j’ai l’impression qu’il fait froid ». Si même là, il ne veut toujours pas mettre sa veste, on peut lui dire « je serais plus rassurée si tu emmenais ta veste, je trouve qu’il fait froid dehors ». Si là encore on est face à un refus (et qu’on ne pars pas pour une journée à la neige), on peut très bien laisser l’enfant partir sans veste. Il aura froid, certes, mais ne refusera plus d’emmener sa veste par la suite car il saura ce que cela signifie.
La chose importante ici (et pas toujours facile) est de ne pas jubiler au moment où il nous dira qu’il a froid. Non, non, interdit de dire « je te l’avais dit »… je sais c’est pas drôle ! Il faut plutôt utiliser l’écoute active « ah je vois tu as froid… mince alors et qu’est-ce qu’on peut faire ? » Peut-être trouvera-t-il une solution. Dans tous les cas il se souviendra de son expérience.
« L’expérience des autres est une lumière qui nous éclaire dans le dos » – Proverbe chinois
Trouver un accord ensemble
Si la situation problématique est récurrente, il peut être intéressant d’organiser un petit brainstorming avec votre enfant en lui expliquant bien ce qui vous pose problème. L’idée est d’écrire toutes les solutions possibles, les vôtres et les siennes, et de ne garder au finales que celles qui vous mettent d’accord.
S’il participe activement à cette recherche de solution et que ses propositions sont prises au sérieux, il collaborera plus à l’avenir car il fait parti de la solution et pas seulement du problème. Si ses propositions sont trop farfelues, il est possible de partir d’une idée à lui et de la transformer pour mettre tout le monde d’accord.
Se centrer sur la solution plutôt que sur le problème est vraiment une démarche Discipline Positive. Ainsi on ne blâme personne, on est tous dans le même bateau, on a un soucis et on veut y remédier ensemble. On regarde dans la même direction plutôt que de se regarder l’un l’autre en chien de faïence.
Être à notre écoute
Pour commencer, il faut prendre soin de nos besoins personnels. Il n’est pas possible d’accueillir avec empathie les émotions des autres si nous même nous avons trop de besoins insatisfaits. Ce premier point est donc essentiel.
Ensuite, nos enfants sont eux aussi doués d’empathie. Parlons-leur de nos émotions, de ce que l’on ressent face à leur comportement, ils pourraient nous épater.
Nous devons aussi comprendre et entendre les signaux qui nous montrent que nous allons atteindre notre seuil de tolérance. Ainsi nous pouvons fixer des limites sur le modèle des conséquences logiques ET NOUS Y TENIR ! Sinon très rapidement nos limites ressembleront à de vagues menaces en l’air. Le but ici n’est pas de menacer mais bien de respecter nos propres émotions et ainsi de protéger notre enfant de tempêtes émotives que nous aurions du mal à contrôler.
En conclusion
En y réfléchissant bien, la punition ne nous apporte pas grand chose. Au contraire, la plupart du temps elle va à l’encontre de nos principes et des valeurs que l’on voudrait transmettre. Des fois, on l’utilise plus par réflexe car dans le stress ce n’est pas naturel pour nous d’agir avec empathie.
C’est dans le livre « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent » de Faber et Mazlish que j’ai trouvé une très belle métaphore qui dit que pour nous ce langage empathique est comme une langue étrangère que l’on parlera toujours avec un petit accent. Mais si on fait l’effort de parler cette langue à nos enfants, pour eux ce sera leur langue maternelle.